Travail préparatoire n°2 - "Si je meurs, ne laissez pas mes peintures me suivre, montrez-les aux hommes!"

DEVOIR MAISON à rendre le lundi 17 janvier  

La citation du titre est de Félix Nussbaum, peintre qui vécu la persécution et la déportation dans les camps nazis. Le 18 janvier, nous nous rendons à l'exposition qui est consacrée à ses oeuvres, pour la première fois en France, au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme. Voici un devoir maison qui vous permettra de vous familiariser avec le peintre et ses oeuvres. N'hésitez pas à poser des questions en postant des commentaires.

Etudiez les documents suivants et répondez aux questions qui y sont liées.

DOCUMENT 1 - La vie de Félix Nussbaum (document France 2 du 2 novembre 2010)




QUESTIONS

1. Dressez, en quelques dates, la vie de Félix Nussbaum.
2. Quels sont les thèmes principaux de ces peintures ?


DOCUMENT 2 - Etude de deux oeuvres de Félix Nussbaum

Oeuvre n°1 - Le réfugié, 1939



Etude de l'oeuvre: A travers ce tableau de 1939, Felix Nussbaum exprime le sentiment qu’il éprouve d'être dans une impasse. L’artiste est en exil depuis 1935, année de son installation en Belgique. Ce tableau représente un intérieur, quasiment vide, dans lequel on remarque un homme assis, effondré, sur une chaise, le visage dans ses mains. Cette figure masculine, anonyme, pourrait être celle de Felix Nussbaum mais aussi de tout autre exilé juif cherchant à fuir les persécutions nazies. Une longue table, sans aucun objet, hormis un globe représentant l’Europe, domine la pièce vide qui ressemble à une cellule de prison. Cette pièce n'a aucune fenêtre et les murs y sont nus : la seule ouverture mène à une vue des plus mornes. On peut y voir deux symboles d’extinction : des arbres nus, ou perdant leurs feuilles, ainsi qu’une nuée de corbeaux en vol.

A noter également le rétrécissement de l’espace, l’absence de perspectives et l’isolement du personnage dans un coin de la pièce ; autres symboles de ce sentiment d’impasse pour Nussbaum. Cette peinture reflète la crainte et le désespoir de Felix Nussbaum à la veille de la Seconde Guerre mondiale. L’artiste, représenté ici par cet homme, est laissé seul sans possibilité d’évasion face à la menace nazie. Même s’il est déjà hors d’Allemagne, il sait que la Belgique n’est pas un lieu lui offrant une sûreté complète. La désolation de cette pièce montre le sentiment d’absence de protection et d’impuissance de Nussbaum face à cette menace. De même, la vue qu’offre l’ouverture vers l’extérieur et le continent européen sur le globe reflètent la sinistre réalité : pour les juifs, il n'y a aucun refuge. Le nazisme menace toute l’Europe et le monde entier (un globe terrestre, et non pas seulement une carte de l’Europe, remplit le premier plan du tableau). Grand et menaçant, le globe lance une ombre sombre sur la table en bois symbolisant l’absence totale d’issue au désespoir exprimé par l’artiste dans ce tableau.
 

Oeuvre n°2 - Autoportrait au passeport juif, 1943



Etude de l'oeuvre: Autoportrait au passeport juif est probablement la peinture la plus célèbre de Felix Nussbaum. Dans cet autoportrait, il donne à voir sa plus grande peur : celle d’être un jour arrêté. 

Ce tableau représente Felix Nussbaum entouré de murs gris, sous un ciel tout aussi sombre dans lequel tournoient des oiseaux noirs. A regarder de plus près, on réalise que le peintre est dans une impasse. Il pose sur le spectateur des yeux inquiets, regardant de côté. Ce tableau a la particularité de placer délibérément le spectateur dans la peau d’une personne contrôlant l’identité de l’artiste. Ce dernier remonte son col pour présenter une étoile jaune (qu’il n’aurait cependant jamais portée), comme il l’aurait fait devant un membre de la Gestapo. Il présente également au spectateur sa carte d’identité. Sur cette carte son lieu de naissance, en Allemagne, est effacé, sa nationalité indique "Sans" et les mots "JUIF- JOOD" sont sur-imprimés en rouge. La présence du mot juif, dans les deux langues, rappelle le fait qu’il est alors réfugié en Belgique. 

Nussbaum peint cette œuvre alors qu’il est déjà entré dans la clandestinité (depuis sa fuite de Saint-Cyprien en 1940) passant son temps entre un atelier et une cachette dans un grenier. Cette carte d'identité qu’il présente est expirée depuis bien longtemps (vraisemblablement en 1940). Il sait qu'on le recherche. Les murs imposants qui entourent ici Felix Nussbaum montrent son impossibilité de s’échapper pratiquement.  De manière singulière, la signature du tableau se trouve sur la carte d’identité représentée par l’artiste qui par là- même interroge son identité d’artiste et de juif pourchassé. 


QUESTIONS

3. Présentez chacune des deux oeuvres
4. Quels éléments retrouve-t-on dans les deux oeuvres et que signifient-ils?


Travail Préparatoire n°1 - "Je n'ose plus rien faire, j'ai peur que ce soit interdit"

Les lois antijuives, prémices à la déportation

DEVOIR MAISON à rendre le lundi 13 décembre 

Pour préparer la visite de M. Serge Frydman, le 14 décembre, voici un devoir maison qui vous permettra de vous familiariser avec le statut des Juifs pendant l'occupation allemande de la France. N'hésitez pas à poser des questions en postant des commentaires.

Etudiez les documents suivants et répondez aux questions qui y sont liées.


DOCUMENT 1 - Le statut des juifs d'octobre 1940

Le document original établissant un statut des Juifs, en France, en octobre 1940 a été découvert et authentifié cette année. L'intérêt de ce document est de prouver l'implication directe du maréchal Philippe Pétain et donc de l'Etat français dans l'exclusion des Juifs de la communauté nationale française. Ce document établit que les Juifs n'ont plus les mêmes droits que les autres. C'est la première étape du chemin qui mènera à l'extermination. Le texte découvert est annoté de la main du maréchal Philippe Pétain, chef de l'Etat français de 1940 à 1944. Celui-ci durcit les mesures antisémites.



DOCUMENT 2 - Article 1 et 2 du statut des Juifs
(cliquez dessus pour l'agrandir)



QUESTIONS

1. Qu'est-ce que le statut des Juifs? Qui peut être considéré comme Juif ?
2. Quel rôle a joué le Maréchal Pétain lors de son élaboration?
3. Pour quelles raisons l'Etat français de Vichy, dirigé par le Maréchal Pétain, s'en prend-il aux Juifs?


DOCUMENT 3 - Les lois antijuives



QUESTION

4. A l'aide du film ci-dessus dressez une chronologie des lois antijuives de l'armistice de juin 1940 aux premières déportations en 1942.


DOCUMENTS 4 et 5 - La propagande antijuive
(cliquez sur les images pour les agrandir)

                                       




QUESTION

5. Quelles images des Juifs ces deux affiches donnent-elles?


DOCUMENT 6 - L'étoile jaune, le témoignage de Hélène Berr

En juin 1942, le port de l'étoile jaune est imposée à tous les Juifs de France

Mon Dieu, je ne croyais pas que ce serait si dur.

J’ai eu beaucoup de courage toute la journée. J’ai porté la tête haute, et j’ai si bien regardé les gens en face qu’ils détournaient leurs yeux. Mais c’est dur.

D’ailleurs la majorité des gens ne regarde pas. Le plus pénible  c’est de rencontrer d’autres gens qui l’ont. Le matin, je suis partie avec maman. Deux gosses dans la rue nous ont montré du doigt en disant : « Hein ? T’as vu ? Juif. » Mais le reste s’est passé normalement. Place de la Madeleine, nous avons rencontré M. Simon qui s’est arrêté et est descendu de bicyclette. J’ai repris tout de suite le métro jusqu’à l’étoile. A Etoile, je suis allée à l’Artisanat chercher ma blouse, puis j’ai pris le 92. Un jeune homme et une jeune fille attendaient. J’ai vu la  jeune fille me montrer à son compagnon. Puis ils ont parlé. Instinctivement, j’ai relevé la tête – en plein soleil – j’ai entendu : « c’est écœurant ». Dans l’autobus, il y avait une femme qui m’avait déjà souri avant de monter et qui s’est retournée plusieurs fois pour sourire. Un monsieur me fixait – je ne pouvais pas deviner le sens de son regard –mais je l’ai regardé fièrement".

                                       
Hélène Berr avait 20 ans en 1942. Parisienne étudiante à la Sorbonne, elle a tenu son journal d’avril 1942 à février 1944. Arrêtée le 8 mars 1944, elle est déportée à Auschwitz avec son père et sa mère. Elle survit presque jusqu’au bout à l’épreuve, succombant à l’épuisement à Bergen-Belsen en avril 1945, quel-ques semaines avant la libération du camp.




QUESTIONS

6. A votre avis, pourquoi le régime de Vichy impose-t-il le port de l'étoile jaune?
7. Pourquoi Hélène Berr dit-elle que se fut très dur?


DOCUMENT 7 - La vie quotidienne des Juifs sous l'occupation, le témoignage d'Anne Franck
A partir de mai 1940, c'en était fini du bon temps, d'abord la guerre, la capitulation, l'entrée des Allemands, et nos misères, à nous les juifs, ont  commencé. Les lois antijuives se sont succédées sans interruption et notre liberté de mouvement fut de plus en plus restreinte. Les juifs doivent porter l'étoile jaune ; les juifs doivent rendre leurs vélos, les juifs n'ont pas le droit de prendre le tram ; les juifs n'ont pas le droit de circuler en autobus, ni même dans une voiture particulière ; les juifs ne peuvent faire leurs courses que de trois heures à cinq heures, les juifs ne peuvent aller que chez un coiffeur juif ; les juifs n'ont pas le droit de sortir dans la rue de huit heures du soir à six heures du matin ; les juifs n'ont pas le droit de fréquenter les théâtres, les cinémas et autres lieux de divertissement ; les juifs n'ont pas le droit d'aller à la piscine, ou de jouer au tennis, au hockey ou à d'autres sports ; les juifs n'ont pas le droit de faire de l'aviron ; les juifs ne peuvent pratiquer aucune sorte de sport en public. Les juifs n'ont plus le droit de se tenir dans un jardin chez eux ou chez des amis après huit heures du soir ; les juifs n'ont pas le droit d'entrer chez des chrétiens ; les juifs doivent fréquenter des écoles juives, et ainsi de suite, voilà comment nous vivotions et il nous était interdit de faire ceci ou cela. Jacques me disait toujours : "Je n'ose plus rien faire, j'ai peur que ce soit interdit. " 
                                       
Anne Franck, jeune adolescente juive allemande réfugiée à Amsterdam avec sa famille fuit les persécutions nazies. Elle raconte dans son journal sa vie jour après jour jusqu'à celui de son arrestation qui l'a conduira à Auschwitz puis au camp de Bergen-Belsen où elle mourra du typhus en mars 1945. 




QUESTION

9. Quels sont les types d'interdiction auxquels les Juifs doivent se soumettre?


CONCLUSION

D'abord différenciés par un statut qui en faisaient des individus différents du reste de la population, les Juifs voient ensuite leurs droits se réduire jusqu'à ne plus pouvoir sortir de chez eux qu'une heure par semaine. Partout la propagande les humilie, en fait des boucs émissaires de tous les problèmes de la France. Ainsi isolés et humiliés, les Juifs ne pourront pas résister aux rafles et aux déportations vers les camps d'extermination à partir de 1942.

C'est l'histoire que raconte le film "La rafle" de Jocelyne Bosch dont voici, pour finir, la bande originale:


La Rafle - Le Blog Cine